
La Médiation, un Chemin Vers l’Autre… et Vers Soi
L’intention d’une médiation est de créer un espace d’expression et d’écoute entre deux parties qui « s’opposent ». De cette expression et de cette écoute peut naître une compréhension mutuelle.
Au risque de vous décevoir, le but d’une médiation n’est pas forcément d’arriver à un accord. Ça, c’est la cerise sur le gâteau. L’objectif principal est surtout d’offrir cet espace d’échange où l’on se sent entendu. Et pas forcément par la personne avec qui nous sommes en conflit, d’ailleurs.
Une médiation avec soi-même d’abord
Peut-être vais-je vous apprendre quelque chose, ou peut-être pas, mais avant d’avoir lieu entre deux personnes, une médiation se passe déjà entre soi et soi.
Et oui, comment être à l’écoute des autres ou dans le partage si je n’ai moi-même pas écouté ce qui se passe en moi ?
Alors rassurez-vous, on n’a pas besoin d’être médiateur pour s’écouter ou écouter les autres. Pour bien s’écouter, il suffit juste de… s’écouter. Eh oui, c’est très simple, finalement.
Jugements, peurs et croyances
On s’aperçoit assez vite que l’écoute de soi, c’est comme l’écoute des autres : nous sommes remplis de jugements, de peurs, de croyances, du bien, du mal…
Ces pensées nous arrivent presque instantanément. C’est très facile. Et en soi, ce n’est ni bien ni mal. C’est humain.
Mais finalement, ce qu’il faut savoir, c’est que nous jugeons les autres à la hauteur de nos propres jugements envers nous-mêmes. Nous posons sur les autres les mêmes limites que nous nous imposons.
Nous nous jugeons pour certains types de pensées ou de comportements, nous avons peur du regard des autres si nous faisons telle ou telle action.
« Je devrais faire ci », « Si je pense comme ça, je suis une mauvaise personne », « Que vont penser les autres ? »
Pas de hasard
Une médiation avec soi-même implique d’écouter chaque pensée qui nous traverse et chaque émotion. Si elles sont là, ce n’est pas un hasard.
C’est comme si nous regardions nos pensées avec un peu de hauteur, en prenant du recul. C’est comme si, sans chercher à nous identifier à elles, nous les observions telles qu’elles sont, tout simplement.
Car peut-être que vous ne le saviez pas, mais face à différentes situations, nous pouvons avoir plusieurs pensées, et en plus, ces pensées peuvent être totalement contradictoires…
Prenons un exemple
Les faits : Vous êtes en couple. Votre conjoint est en congé. Il est 18h, vous rentrez du travail et constatez qu’il y a de la vaisselle sale dans l’évier.
Pensées probables : « Mais bon sang, je ne suis pas la boniche ! Il croit que c’est à moi de laver sa vaisselle ? C’est moi qui ai travaillé toute la journée, je suis fatiguée. »
Émotion potentielle : Colère (sauf si vous adorez faire la vaisselle en rentrant du travail, ce qui est aussi envisageable).
De nombreuses possibilités s’offrent à moi
- Je rebrousse chemin et vais manger chez ma mère, ma sœur, ma meilleure amie…
- J’exprime ma colère en attaquant mon conjoint en lui disant que c’est un incapable et que je ne suis pas sa boniche et n’ai pas à me taper sa vaisselle
- je fais mine de rien et ne dis mot en fulminant intérieurement que mon mec est un incapable et que je ne suis pas sa boniche et que c’est pas à moi de me taper sa vaisselle
- Je fais la vaisselle en colère en me disant que mon mec est un incapable et que … Bref vous avez compris.
Ou alors:
Il reste une autre possibilité : faire un pas en arrière et observer ce qui se joue en moi.
Grande inspiration, grande expiration (à répéter autant de fois que nécessaire).
- Quelle émotion je ressens face à la situation ?
- Agréable ? Désagréable ? (pas besoin de nommer l’émotion précise pour commencer)
- Ok, c’est désagréable. Testez cela la prochaine fois : rien que reconnaître son émotion, agréable ou désagréable, nous permet d’être un peu moins submergés.
Se dire simplement : « Ah, ok, ce que je ressens là est désagréable. »
Ok super et maintenant?
Vous allez me dire: « D’accord, mais qu’est ce que j’en fais maintenant? » Parce que c’est bien beau de se dire, super c’est chouette, je reconnais que c’est désagréable mais ça n’avance pas vraiment, là.
Reprendre la responsabilité sur les émotions que je ressens
Je peux reconnaître que si JE suis en colère, c’est parce que J’AI besoin d’ordre et de propreté, et que j’aurais aimé que la vaisselle soit faite.
Ai-je informé mon conjoint de ce besoin ou ai-je supposé que cela allait de soi ?
(D’ailleurs, peut-être que je vous apprends quelque chose, mais les gens ne pensent pas forcément comme vous)
Face à ce constat:
De nombreuses possibilités s’offrent à moi
(Et oui, la vie est une succession de choix – c’est chaud, hein)
- Je ne vais pas informer la personne avec laquelle je vis de mon émotion et de mon besoin
- Je vais informer la personne avec laquelle je vis de mon émotion en la rendant responsable de ma colère car en effet, malgré tout, mon conjoint est un incapable, je ne suis pas sa boniche et il aurait dû savoir que je voulais qu’il fasse la vaisselle
Ou alors
J’informe la personne avec qui je vis de mes émotions en reprenant la responsabilité de ce que je ressens. Je pourrais alors lui dire quelque chose comme ceci : lorsque je rentre du travail et que je vois de la vaisselle sale dans l’évier (les faits), je ressens de la colère (émotion) car j’ai besoin d’ordre et de propreté (besoin). C’est MON besoin d’ordre et de propreté qui génère MON émotion.
Déjà, applaudissons nous chaleureusement, car reprendre sa responsabilité, c’est magnifique !
Je peux ensuite m’arrêter là, ou bien je peux aussi lui faire une demande pour la prochaine fois : ‘Demain, serais-tu d’accord pour faire la vaisselle, l’essuyer et la ranger avant que je rentre du travail?’
Et là, félicitons nous à nouveau, car reprendre sa responsabilité, c’est magnifique, et faire une demande, c’est merveilleux !
Une demande n’est pas une exigence
Sachez aussi que, tout comme vous et même si parfois cela nous embête, la personne en face a la possibilité d’être qui elle souhaite à chaque instant. Elle peut donc avoir très envie de vous faire plaisir et accepter votre demande : la vaisselle sera donc faite, essuyée et rangée demain lorsque vous rentrerez du travail. Super, vous êtes heureuse !
Mais elle peut aussi ne pas avoir envie de faire la vaisselle, ni de l’essuyer, ni de la ranger, car pour elle ce n’est pas un besoin et la vaisselle dans l’évier n’est pas un problème. C’est dommage, mais cela peut arriver…
À ce moment-là, vous saurez si votre demande était véritablement une demande ou plutôt une exigence. Car une vraie demande peut recevoir un oui ET un non, tandis qu’une exigence s’attend à un oui.
Si malgré toute la démarche que vous avez faite (reconnaissance de l’émotion, expression du besoin, demande…), vous entendez un non, c’est à vous de décider comment réagir à ce refus…
De nombreuses possibilités s’offrent à nous
(Vraiment, ca n’arrête jamais !)
- C’était vraiment une demande, donc son refus ne devrait pas vous affecter. Vous avez reconnu vos besoins, vous vous êtes exprimés, et c’était déjà l’objectif.
ou alors
- Vous vous mettez en colère parce que, franchement, votre mec est vraiment un incapable…
Allez, belle journée !
Laura
PS : Rappelez-vous l’intention d’une médiation
